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Fiche pièce
Konda le roquet



L'AUTEUR
Pliya José



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Konda le roquet
Pliya José

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Pauline Ferrera, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA


  Bénin
1997
L'Harmattan, collection "Théâtre des Cinq Continents"
 
Genre
Comédie

Nombre de personnages
1 femme
4 hommes


Longueur
1 acte
33 pages


Temps et lieux
Un théâtre, le temps de la représentation

Thèmes


Mots-clés
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Nous sommes à la toute fin de la dernière représentation de Konda le Requin et les spectateurs attendent avec impatience le célèbre discours de Gbéhanzin. Intervient un jeune auteur qui ne parvient pas à vendre et faire monter ses textes. Il prend en otage la représentation et son public pour faire jouer sa pièce Konda le Roquet. Celle-ci expose les déboires du comédien Konda qui met ce soir fin à sa carrière d'interprète en titre du célèbre personnage de Kondo. Sont alors évoqués tour à tour les participants à la création de la pièce, à commencer par Stella, la metteuse en scène, puis l'auteur, l'acteur Kondo, le personnage théâtral et enfin le personnage historique réel, Gbéhanzin lui-même. Chacun d'eux va tenter de convaincre Konda de reprendre la représentation et de dire le discours final. Ils livrent dans le même temps leur perception de la création théâtrale.

 
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Parcours dramaturgiques

Histoire, réalité et fiction
Konda le roquet repose sur une pièce devenue une référence du théâtre béninois, Konda le requin écrite par Jean Pliya, le père de José Pliya. Comme de nombreuses pièces écrites dans les années 60 au moment des indépendances, il s'agit d'un drame historique mettant en scène le roi Gbéhanzin, grand résistant contre le colonialisme.
Nous sommes à la fin de la représentation et l'auteur de la pièce Konda le roquet, qui n'est autre que José Pliya, interrompt la pièce écrite par son père pour laisser place à la sienne. Le comédien qui endosse le rôle de Konda joue finalement son propre rôle, celui d'un acteur noir ayant toute sa vie interprété le personnage de Kondo. Nous sommes laissés, dans cette mise en abyme, à mi-chemin entre la réalité et la fiction, où les liens entre père et fils, tous deux auteurs, s'entremêlent.
De cette presque réalité, nous passons dans l'imaginaire et le fantastique. Chaque acte est marqué par l'entrée en scène d'un personnage faisant partie intégrante de la création théâtrale. D'abord réelles (metteuse en scène, auteur), ces personnes sortent alors de l'histoire passée et sont parachutées sur la scène, tel le roi Gbéhanzin.

Interdépendance
Cette pièce montre comment chacun est dépendant de l'autre. L'auteur est écrasé par son père et le comédien effacé par son personnage. De Konda dépend le succès de la pièce et la carrière des autres comédiens comme de la metteuse en scène Stella ainsi que la reconnaissance de l'auteur et la mémoire du personnage historique.
Konda est tellement lié à Kondo et son désir d'exister par lui-même est empêché par la "gémellité" entre le comédien et son personnage qui serait "monstrueuse si elle n'était pas théâtrale" (p. 84). Il endosse si bien le rôle qu'il finit par se prendre pour le roi au royaume du théâtre et par considérer les autres comédiens comme ses sujets.

 
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Pistes de lecture

Une théorie théâtrale
José Pliya nous livre avec cette pièce une théorie théâtrale sur le rôle joué par chacun des représentants du théâtre. La metteuse en scène entretien un rapport faussement maternel avec ses comédiens et son drame est de savoir que "l'essentiel ne peut être écrit" (p. 81) et qu'elle ne doit pas se contenter de monter le texte et de le faire jouer mais de voir en lui ce qui n'est pas écrit. L'auteur lui n'a rien à voir avec la mise en scène : il écrit le texte de chaque personnage et c'est au "comédien en état de grâce" de traduire ses émotions, son monde intérieur, d'"incarner le personnage et rendre sensible sa souffrance par le discours." (pp. 85-86). De la même façon que le metteur en scène doit rendre visible ce qui est caché entre les lignes du texte, le comédien doit révéler au public l'intériorité d'un personnage qui n'est nécessairement visible dans le texte. Le rapport du comédien Konda à son personnage Kondo est presque un rapport d'égal à égal : ils existent l'un par l'autre. Il n'y a pas ici de rapport filial mais des identités solitaires et solidaires qui s'affrontent chacun dans leur monde sur le royaume du théâtre. Gbéhanzin intervient pour départager ces rois de pacotille et leur faire comprendre que "nous sommes au théâtre et tu es à Kondo ce que la sève est à la feuille : la source nourricière. Il est le squelette, tu es la chair" (p. 98). Interpellé par l'émotion du vrai roi, Konda comprend alors qu'il n'y a pas de vérité au théâtre mais seulement "imitation de la vérité" (p. 98). Il n'y a pas de place pour soi sur la scène car "on vit par procuration : Kondo n'existe pas sans Konda et Konda n'a pas sa place ici sans Kondo. C'est la loi de l'échange pour que vive le spectacle." (p. 99)
Konda s'apprête à reprendre la représentation mais se voit interrompu cette fois par l'auteur qui décide d'achever le parricide et demande à l'acteur de faire son discours d'adieu. Le comédien se livre alors au public sachant que celui-ci ne peut rien pour lui qui reste seul. Konda dit la dépendance du comédien aux spectateurs pour qui ils jouent et qui acceptent de se faire prendre en otage le temps de la représentation mais qui disparaissent ensuite, laissant le comédien seul face à lui-même.


Parricide
José Pliya est le fils de Jean Pliya, célèbre dramaturge béninois. L'auteur de Konda le roquet est le fils de l'auteur de Kondo le requin. La dimension autobiographique est pleinement présente dans la pièce. Le fils affronte et tue le père dans cette pièce qui remet en question le théâtre africain des années 60, pédagogique, didactique visant à éveiller les consciences pour retrouver une identité culturelle propre. Les spectateurs viennent voir et revoir les mêmes histoires qu'ils connaissent déjà. José Pliya appartient à la génération d'écrivains contemporains qui tendent vers une universalité et préconisent avant tout un travail de la matière textuelle et remettent en question les conventions dramaturgiques.
"Mon père était inscrit dans une volonté éducative, pédagogique, utilitaire des arts […] Il est très soucieux du pays et du peuple béninois […] Il a donc écrit un théâtre de l'efficacité dans la ligné des grands classiques qui l'ont formé. La langue n'est pas son souci, il n'interroge pas la forme. Ce qui l'intéresse, c'est le message […] Moi j'ai perdu mes illusions, à moins même que je n'en ai jamais eu. J'écris finalement d'une manière très égoïste. J'écris pour des névroses très personnelles, pour l'intérieur qui m'habite. Un questionnement sur le mal, la violence qui m'interpelle, et je travaille mon outil comme un artisan qui prend et reprend encore la forme." ("Un auteur du Tout-Monde", entretien avec Sylvie Chalaye, Africultures, 2003).

 
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De plain-pied dans le texte

KONDA : J'ai décidé de ne pas dire le discours d'adieu.

STELLA : Et pourquoi ?

KONDA : Parce que je suis Konda nom d'un con !

STELLA : Et le public qui t'a fait ce que tu es ?

KONDA : Je suis roi de droit divin !

STELLA : Le contrat, tu as bien signé un contrat…

KONDA : Je me désengage, c'est le fait du prince.

STELLA : Notre travail d'équipe, les camarades, les machinistes…

KONDA : Ce sont mes sujets, ils n'ont rien à dire.

STELLA : A quoi tu joues ? Tu es fou ?

KONDA : Je suis Konda le roi.

(Page 78)

 
 
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Pour poursuivre le voyage


Du texte à la scène
Konda le roquet, publiée aux Editions L'Harmattan en 1997, n'a pas été jouée.

Bibliographie
Stéphanie Bérard, Le Théâtre-Monde de José Pliya, Paris, Éditions Honoré Champion, 2015.

Sylvie Chalaye, "José Pliya : inventer sa langue", in Sylvie Chalaye, Afrique noire et dramaturgies contemporaines : le syndrome Frankenstein, Paris, Éditions Théâtrales, 2004, p. 91-94.

"Un auteur du Tout-Monde", entretien avec Sylvie Chalaye, Africultures, novembre 2002, http://www.africultures.com/php/?nav=article&no=2847.

Émile Lansman, Écrire sur le fil ténu des frontières… Entretien avec José Pliya. Coll. "Chemin des passions", Éditions Lansman,, 2011.

 
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Fiche réalisée par Pauline Ferrera, étudiante Univ. Paris 3, SeFeA

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