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Fiche pièce
Trans'sahéliennes



L'AUTEUR
Norman Rodrigue Yao



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Trans'sahéliennes
Norman Rodrigue Yao

  Togo
2004
Éditions Lansman
 
Genre
Drame

Nombre de personnages
2 femmes
3 hommes


Longueur
44 pages


Temps et lieux
Le Sahel et l'Europe de nos jours.

Thèmes


Mots-clés
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Coolio et Boutros, deux amis, quittent le Sahel et partent pour l'Europe en 1996. Cette même année, Coolio se suicide en s'ouvrant les veines et en sautant du troisième étage d'un immeuble. Cette aventure est racontée sept ans plus tard par Boutros qui se retrouve au sein de la famille de Coolio au Sahel. Chacun désire savoir le pourquoi et le comment de cette mort qui reste une énigme pour toute la famille.

 
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Parcours dramaturgiques

Mise en abîme : va et vient entre passé et présent
La pièce se structure autour du dialogue des personnages présents dans la maison au Sahel qui se remémorent le passé, et le récit de la mort de Coolio racontée par Boutros tel un fait divers. Cependant ce dernier est toujours interrompu par les querelles des autres personnages, surtout à l'arrivée de Boncana qui vient perturber la tranquillité et interrompt brusquement le récit de Boutros et accuse la famille de Coolio de l'avoir assassiné. Ces alternances entre le passé et le présent crée une tension dramatique et le désir de comprendre comment est arrivée la mort de Coolio. Peu à peu, la réalité de cet événement tragique se dilue comme si c'était les personnages eux mêmes qui construisaient le récit. Le présent se confond avec le passé, les personnages faisant revivre ce passé en jouant des scènes. L'histoire se teinte peu à peu d'une charge comique quand la mort de Coolio est tournée en dérision. Des interventions intempestives et des querelles successives entre les membres de la famille empêchent le récit d'avancer. Peu à peu la vérité se fait jour autour d'une histoire d'argent caché et de policiers venus arrêter Coolio qui s'ouvre les veines et saute alors du troisième étage. Pas tout à fait mort, c'est Boutros qui tuera son ami en lui écrasant la tête d'un coup de poing.
L'histoire est racontée en parallèle avec la mort qui attend Coolio. Cette mort approche et il faut se dépêcher avant qu'il ne fasse nuit pour tout raconter. Boutros et Fanzy ne cessent de répéter tout au long du texte : "la nuit est avancée". Au début, les personnages semblent sereins puis plus l'aveu approche plus l'angoisse monte.

Le cérémonial de la veillée funèbre
Boutros, tel un messager venu annoncer la triste nouvelle, arrive dans la famille de Coolio pour raconter la mort de ce dernier. Il prend le rôle du messie qui vient soulager le chagrin de la famille. Boutros est vu comme un héros qui a surmonté l'épreuve du voyage à l'étranger. Les personnages se retrouvent à parler de Coolio comme lors d'une veillée funéraire. A travers des anecdotes multiples se construit peu à peu un récit d'aventures en plusieurs chapitres.
La cérémonie funèbre prend une tonalité lyrique lorsque Boutros récite des poèmes de Coolio comme s'il se tenait devant l'autel d'une église. Un des poèmes fait allusion au développement de l'Europe face à un pays qui "tombe en ruines" (p. 9). Le poème suivant fait allusion au rêve de Coolio à travers la répétition de la couleur bleue. Mais tous ces poèmes restent incompréhensibles pour sa famille. Sista déclare : "Il était plus clair …Avant, Coolio, il était plus clair que ça." (p. 9).

 
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Pistes de lecture

Le rêve d'un monde meilleur
Beaucoup d'accusations sont portées contre l'Europe et l'Amérique telles des minotaures qui font régner la terreur sur le monde. Les personnages peignent un tableau négatif de l'Europe, où la vie coûte cher, où le ciel est gris, où les enfants peuvent tomber dans la drogue. Toutes ces condamnations soulignent l'amertume de la famille face à l'Europe qui leur a pris leur fils.
Coolio, Boutros, Boncana et Ken ont toujours désiré découvrir d'autres contrées pour réaliser leurs rêves. Nourris de musique française, d'histoires qu'ils se racontent les uns aux autres, ils rêvent d'un avenir meilleur ailleurs, et quittent leur pays. Mais la réalité n'est pas à la hauteur du rêve. Boutros, après avoir vécu l'expérience de l'exil, déclare aux autres : "Plus d'horizon pour les jeunes" (p. 7). De leur côté, ceux qui sont restés au pays se sentent mis à l'écart et considèrent ceux qui sont partis comme des héros. Se crée ainsi un décalage entre la jeunesse qui a déjà goûté au voyage et celle qui désire partir. Boutros symbolise la jeunesse résignée qui ne croit plus au voyage, alors que Boncana symbolise l'espoir d'une jeunesse qui veut s'affirmer et connaître l'inconnu. Ken de son côté s'est enfui discrètement en emportant l'argent de sa mère.
Le champ lexical de l'envol présent tout au long de la pièce évoque le désir de voyage, tel Icare qui s'était construit des ailes pour atteindre le soleil. Ken "construit, avec du papier, un avion qu'il fait voler dans les airs." (p. 8). Trois races d'oiseau sont évoquées : le pigeon qui symbolise le voyageur et le messager ; le pingouin qui ne vole pas et vit dans les pays froids ferait allusion au rêve avorté de Coolio. Enfin Sista appelle Ken comme "[son] tout petit moineau" (p. 43), tel un être fragile ayant besoin d'être protégé avant de prendre son envol.

Sista reste quant à elle attachée à ses racines où "l'air est si bon", mais elle encourage son fils à partir car elle pense ainsi pouvoir améliorer l'avenir de sa famille. Elle se remémore une scène avec Coolio où elle déclare : "C'est pourquoi je pense souvent à vous, je pense à ce que demain sera fait pour vous. Vas-y, va pour ta famille. Toute ta famille, sache que c'est d'abord ton frère." (p. 22). Elle ressemble ainsi à cette mère courage qui est prête à tout pour ses enfants, y compris à leur mentir en leur promettant un avenir meilleur. Résignée face à la mort de son fils, elle sait qu'elle ne peut revenir en arrière et ne regrette pas ce qu'elle a fait pour Coolio. Elle dit à Fanzy : "Rien ne sert de dire : si j'avais été là, on aurait fait ci, on aurait fait ça. Rien ne sert de dire des conneries pareilles ! A l'heure où nous sommes ces mots ne servent à rien. Il fallait être là, c'est tout. On ne peut pas recommencer…" (p. 8). Elle réalise que rien ne pourra faire revenir son fils, sauf peut-être le récit de sa mort et l'aveu que c'est l'Europe la coupable.

Conflits de religion
Les enfants qui sont restés au pays restent pratiquants alors que les autres se sont détachés de la religion. Boncana dit de son frère : "Il ne prie plus depuis qu'il est parti…Et vous, vous ne lui demandez même pas pourquoi…" (p. 20). Elle provoque sa mère en affirmant que si "le temps des mosquées est révolu […] celui des mosquées est encore là." (p. 15) Enfants et parents ne se comprennent plus.

 
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De plain-pied dans le texte

SISTA : J'ai dit à mon fils ce que je pensais… Il était jeune et la vie lui réservait des surprises, bien des surprises. Je lui ai beaucoup parlé. Pas de conseil, juste des expériences que la vie nous a fait voir et dont nous avons tiré des leçons… Des petites "pilules", comme on dit ici. Par exemple : " Chaque horizon exige son chemin…" Je lui ai dit aussi : "La couleur des yeux du frère d'abord, ensuite les yeux de qui tu voudras. Pas ceux de ta mère". Surtout pas ceux de sa mère ! "Moi, je lui ai dit, j'ai fait ma vie, j'ai connu des hauts, j'ai connu des bas. Et aujourd'hui, Dieu merci, je suis toujours là. Mais pour combien de temps ? Ce plaisir ne durera pas éternellement. C'est pourquoi je pense souvent à vous, ce que demain sera pour vous. Vas-y, va pour ta famille. Et ta famille, sache que c'est d'abord ton frère. Sache que si ce qui t'arrive est bon, c'est d'abord à ton frère que tu devras penser…Si tu prends ces mots pour des conseils, tu te trompes : juste des mots à prendre en compte.

(Page 23)

 
 
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Pour poursuivre le voyage


Du texte à la scène
Rodrigue Norman a écrit Trans'sahéliennes à la suite de sa participation à la Ruche Sony Labou Tansi au Mali en 2002 (entreprise de création artistique et d'action culturelle malienne).

 
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