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Fiche pièce
Mon Mari



L'AUTEUR
Gadeau Germain Coffi



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Mon Mari
Gadeau Germain Coffi

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Koffi Kwahulé


  Côte d'Ivoire
1942
Le Théâtre populaire en République de Côte d'Ivoire, Cercle culturel et folklorique de Côte d'Ivoire, Abidjan, pp. 143-154, 1965
 
Genre
Comédie

Nombre de personnages
14 personnages

Longueur
4 tableaux
11 pages


Temps et lieux
Période coloniale, en Afrique de l'Ouest.

Thèmes
adultère

Mots-clés
adultère , infidélité , ivrognerie , mari volage , tromperie , vaudeville
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

N'Goran, un employé de bureau, passe le plus clair de son temps à écumer les bars pendant qu'Adjoba, sa femme, reçoit ses créanciers.
Un matin, le couple finit par toucher financièrement le fond. Aussi, sur le chemin du bureau, N'Goran tente-t-il de se faire prêter quelque argent. Après plusieurs échecs, il réussit à emprunter cinq cents francs à son ami Ernest. Mais au lieu d'aller remettre cette somme à Adjoba pour le dîner, il la remet à sa maîtresse Aya à qui il demande de lui envoyer un plat à son bureau.
Pendant qu'ils mangent, Adjoba arrive à l'improviste. Aya veut se sauver mais Adjoba se jette sur elle. La lutte tourne très vite à l'avantage d'Adjoba. N'Goran les sépare, prenant au passage une gifle d'Adjoba. Quelques instants après, nouvelle bagarre des deux femmes. Kouamé, un collègue de bureau de N'Goran, accourt. Il supplie Adjoba de se calmer autrement N'Goran serait licencié. Elle se calme mais demande le divorce. En sortant, elle invite Aya à une lutte à Treichville. Aya accepte.
Kouamé propose à N'Goran d'aller présenter ses excuses au vieux Coffi (le père d'Adjoba ?) afin d'éviter le divorce.

 
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Parcours dramaturgiques

Mon Mari de Coffi Gadeau est au sens commun du terme, un classique du théâtre ivoirien. Dans les milieux scolaires, primaire et secondaire notamment, cette oeuvre est même plus connue que Monsieur Thôgô-gnini. Pourtant, elle n'a jamais eu - jusqu'à ce jour du moins - le statut "d'oeuvre au programme". D'ailleurs ses prétentions dramaturgiques ne le lui permettent pas ; sa trame étique ne ménage aucune réelle surprise et les personnages restent schématiques. Quant au thème, il est celui de la trinité vaudevillesque : l'amant-l'épouse-le mari quelque peu modifié ici. Dans tout le Théâtre Populaire le cocu n'est presque jamais le mari, mais la femme : l'épouse-la maîtresse-le mari... Voilà qui ne manquerait peut-être pas de fournir matière à réflexion à certains psychanalystes.
Le succès de Mon Mari vient essentiellement de sa facture burlesque ; des procédés comiques sur lesquels s'appuie Gadeau (ivresse, petit-nègre, duels verbaux...), voyons la rituelle bagarre entre femmes. La bonne fortune de cette pièce où un mari trompe sa femme vient d'abord et justement du fait que l'homme n'est pas cocu... Situation relativement paradoxale à un esprit habitué au théâtre occidental, plus précisément au théâtre français où l'on compte plus de maris cocus que de femmes trompées ; tout le théâtre de Molière en constitue l'éminent exemple

 
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Pistes de lecture

Les auteurs du Théâtre Populaire semblent eux avoir choisi que l'homme sera "trompé" (Ya-ou Nda) et que la femme sera "cocue", et qu'on en rira. Une femme trompée génère - du moins au théâtre, c'est-à-dire dans la mentalité des hommes qui le font - quelque chose d'épidermique, d'incontrôlé, d'anarchique. Il est à observer à ce propos que toutes les pièces de ce type (Serment d'amour, Situation difficile, Mon Marii) comportent des scènes ou se terminent par une bagarre, en général entre la femme trompée et la maîtresse. Car, étrangement, de même que certains peuples se gavent de tauromachie, de même les Ivoiriens au théâtre sont friands de bagarre entre femmes, peut-être parce que toute bagarre entre femmes recèle une dimension érotique ; deux femmes qui luttent dégagent d'une certaine manière la même puissance érotique que deux femmes dans un lit, l'homme ayant tendance à s'identifier au "mâle manquant". Est-ce un hasard si lors de ces scènes de lutte, il y a toujours au moins un homme présent ? Mais ces scènes vécues de manière fantasmatique, où des corps femelles qui souffrent réclament pour être apaisés un corps mâle, structurent l'idée de primarité de la femme, et le rire que les hommes renvoient en écho à ces situations contribue à infantiliser la femme.
Il serait cependant imprudent de conclure hâtivement que le Théâtre Populaire est d'inspiration machiste. Ce théâtre exclusivement écrit par des hommes, malgré les réserves que nous formulions, s'engage, à bien des égards, pour une défense des droits des femmes. Les oeuvres majeures de ce théâtre traitent essentiellement de la condition ou de "l'a-condition" de la femme. Quant aux oeuvres s'appuyant sur le schéma Mari-Maîtresse-Epouse, en ne montrant que des femmes trompées, n'accréditent-elles pas l'idée que l'infidélité conjugale est une faute qui incombe au premier chef aux hommes - si tant est que ce soit une faute. L'épouse n'est jamais en cause, au contraire de l'homme qui est ivrogne, dépensier et infidèle, comme le dit Kouamé le collègue de bureau de N'Goran :
Comment, tu n'as pas honte de donner de l'argent à une maîtresse pour te faire la cuisine, alors que tu as ta femme à la maison ? Oui, et toujours nous sommes en train de nous plaindre, de nous lamenter, de pleurnicher parce que nous avons été trahis par une femme. Les vrais coupables dans cette affaire, ce ne sont pas les femmes, c'est nous les hommes, et si elles sont corrompues, nous sommes les corrupteurs.
Mais cette vision manichéenne où l'épouse, l'être exemplaire, est placée en situation de susciter notre pitié face à son irresponsable de mari, n'infantilise-t-elle pas la femme ?

 
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De plain-pied dans le texte

N'GORAN : (…) A nous deux maintenant. Ne t'ai-je pas dit de ne plus recevoir tes amants chez moi ?
ADJOBA : Va là-bas. Si tu avais réglé tes bons, tous ces gens ne seraient pas ici.
N'GORAN : Attention, je vais te frapper (bis) (il s'assied pour manger et remplit son verre de vin). Ah ! que la vie est belle. Ma bourgeoise viens qu'on danse un coup. (Adjoba refuse, mais N'Goran la tire de force) Auprès de ma femmes qu'il fait bon, fait…
ADJOBA : Laisse-moi, laisse-moi.
N'GORAN (la tient et chante) : Dans les jardins de mon père…
ADJOBA : Voyons, tu es complètement ivre ? Regarde comme tu sens le vin… Tu ferais mieux d'aller te coucher au lieu de danser.
N'GORAN : Cochon, c'est toi qui vas maintenant donner des ordres à ton mari ? (Il titube. Adjoba, par un geste rapide, vide le verre encore remplit de vin. N'Goran s'en aperçoit) Qui a versé mon vin ?
ADJOBA : Oui, tu as de l'argent pour boire et tu n'en as pas pour payer tes dettes (elle pleure).
N'GORAN : Est-ce que c'est toi qui me nourris ? Hein ? Réponds ? Est-ce toi qui me nourris ? Je peux t'acheter, moi.
ADJOBA (toujours pleurant) : Je te connais, tu ne peux même pas acheter de l'attièké.
N'GORAN : Tu vas me connaître davantage (il se jette sur Adjoba qui pleure. Assis auprès d'Adjoba). Auprès de ma femme… (puis caressant Adjoba). Tais-toi, ma chérie (Adjoba pleure). Tant pis, pleure tant que tu voudras, moi il me faut du repos. (il chante encore) Dans les jardins de mon père, les lilas sont fleuris… etc. (et la tête contre la table, il s'endort en ronflant).
(Extrait du deuxième tableau).
Coffi Gadeau, in Le Théâtre populaire en République de Côte d'Ivoire,
Cercle culturel et folklorique de Côte d'Ivoire, 1965, p. 149

 
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  Du texte à la scène…

Régulièrement jouée par les théâtres amateur et scolaire.

 
 
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Fiche réalisée par Koffi Kwahulé

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