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Fiche pièce
Papassidi maître-escroc



L'AUTEUR
Dadié Bernard B.



Evénements à suivre
L'agenda du moment autour de la personne/l'oeuvre

 

 
 
 
       
       
       
Papassidi maître-escroc
Dadié Bernard B.

Ces fiches sont soumises au respect de la propriété intellectuelle.
Fiche réalisée par Koffi Kwahulé


  Côte d'Ivoire
1973
Nouvelles Editions Africaines, 1984
 
Genre
Comédie

Nombre de personnages
30 personnages

Longueur
7 tableaux
79 pages


Temps et lieux
Une ville africaine pendant la colonisation.

Thèmes
vérité du mensonge (La)

Mots-clés
escroquerie , farce , manipulation , mensonge , théâtre dans le théâtre
 
 

  Consultation de la fiche par rubriques
 

Un premier repérage : la fable
Résumé de la pièce

Parcours dramaturgiques
Analyse dramaturgique qui fait apparaître l'originalité de la structure et son fonctionnement général par rapport à l'espace, au temps, aux personnages, etc.

Pistes de lecture
Analyse plus philosophique et poétique, voire linguistique qui permet de dégager une interprétation et les véritables enjeux de la pièce

De plain-pied dans le texte
Un extrait

Du texte à la scène
Petite histoire de la pièce de ses conditions d'écriture à sa création en passant par les lectures dont elle a pu faire l'objet

Pour poursuivre le voyage
Extraits de presse ou d'entretien au sujet de la pièce

 
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Un premier repérage : La fable

Aka, un écrivain public à qui la police vient d'interdire l'exercice de son métier, rejoint à la terrasse d'un bistrot son ami Aboukoua. Aboukoua lui explique en quoi cette interdiction était prévisible : Aka n'a aucun appui, et le métier d'écrivain public... ou "privé" est parfois dangereux. Afin de mieux lui démontrer la précarité de sa situation, Aboukoua lui propose un jeu : ils joueront dans le bistrot aux Commandant, Juge, garde-cercle...
La "représentation" commence par l'entrée de Delphina, la "maîtresse", dans le "bureau" du "Commandant Aka" ; elle se plaint d'être délaissée. Aka rétorque qu'il a trop de travail, sans compter les nombreuses tournées à faire. Surgit Zoé, "l'épouse" d'Aka. Delphina se cache. Mais Zoé aperçoit du rouge à lèvres sur la joue d'Aka... et finit par découvrir Delphina. Cependant, contrairement à la classique bagarre entre femmes à laquelle nous avait habitué ce type de pièces, et à la grande surprise de Delphina elle-même, Zoé se montre très aimable envers elle, exigeant même de son mari que Delphina soit désormais mieux traitée.
Entre Papassidi (dans le son propre rôle...). Il se présente lui-même comme un médium venant du Caire. Il offre à Aka de lui dire son destin, mais Aka refuse et lui recommande en revanche d'user de son influence auprès des foules pour leur apprendre à rester de bons sujets. En contrepartie, le "Commandant" lui promet son appui en cas de problèmes...
Entre le "Juge" Aboukoua. La nouvelle vient de tomber : on parle d'accorder des droits civiques et politiques aux Noirs. Une délégation de "colons" inquiets entre. Aka leur conseille (ils sont probablement couturiers), pour garder leur clientèle, de peindre leurs mannequins en noir.... Ensuite, Aka et Aboukoua font venir les "chefs de quartier africains" afin de leur apprendre à voter. A ce moment, déboule dans le "bureau" Djoua, la vraie épouse d'Aka : leur enfant, le vrai, est réellement malade.
Le docteur (nous sommes désormais dans le réel) se rend peu à peu compte que chaque membre de la famille Aka est, selon l'aphorisme du docteur Knock, un malade qui s'ignore. Après quelques réticences dues à la peur des Aka des piqûres et autres mixtures médicinales aux noms à vous donner la migraine, le fils et Djoua se laissent soigner ; seul Aka refuse et prend la poudre d'escampette, poursuivi par le docteur... seringue au poing !
Le "théâtre" ne semble pas avoir résolu le problème d'Aka ; il est toujours au chômage et leur logeur menace de les expulser. Alloua, une amie du couple, conseille à Djoua d'aller consulter Papassidi, le grand magicien capable de résoudre tous les problèmes.
Aka et Djoua arrivent essoufflés chez Papassidi. Aka lui demande de lui trouver du travail, mais Papassidi lui répond que ce dont il a le plus besoin, c'est d'argent et non de travail. Et l'argent, il peut le lui en procurer, des millions, grâce à la valise qui multiplie les billets de banque. Et comme l'argent appelle l'argent, Papassidi demande à Aka une mise de fond de 10.000 francs. Aka n'en a que deux mille. Peu importe, 2.000 francs suffiront, seulement qu'Aka n'espère tout au plus qu'un minuscule petit million. Un million ? C'est déjà trop pour les Aka.
Papassidi apporte la fameuse valise que les époux bourrent de feuilles blanches à la demande de l'illustre magicien ; ils placent les 2.000 francs sur la valise fermée puis ferment les yeux pour réciter la formule conjuratoire ; Papassidi en profite pour subtiliser les 2.000 francs. Enfin l'opération est terminée, ils peuvent repartir avec la valise qu'ils ne doivent ouvrir qu'une fois chez eux, après avoir répété quarante-sept fois pendant trente jours, la formule conjuratoire.
Soupçonneuse, Djoua veut savoir où sont passés les 2.000 francs. Papassidi en colère menace d'attirer sur le couple le courroux des "524.794 génies du mal". De son côté, Aka tente de calmer les esprits en s'excusant au nom du couple. Mais Djoua persiste : elle exige de voir les 2.000 francs et tente d'ouvrir la valise malgré l'opposition de Papassidi. Dans la mêlée, la valise s'ouvre ; les deux mille francs n'y sont effectivement pas. Au même moment, deux agents de police entrent avec un mandat d'arrêt contre Papassidi. Il est arrêté, et le couple retrouve son argent.

 
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Parcours dramaturgiques

Il est des oeuvres que l'on écrit autour/au nom d'un acte, d'une scène, d'une page, ou même d'une simple phrase, avec le secret espoir que quoi qu'il advienne, cet unique élément, par son éclat, par sa densité esthétique sauvera toute l'oeuvre du chaos de l'oubli. Le Tableau II est cet élément-là pour Papassidi.
Dans ce tableau en effet, l'ancien élève de l'Ecole William Ponty, devenu fonctionnaire, tente de placer le petit monde des colons en situation de "regardés". S'appuyant sur la bonne vieille méthode du "théâtre dans le théâtre", Dadié montre des Africains s'amusant à jouer les rôles des colons dans une mise en scène d'Aboukoua, avec Aka dans le personnage principal du Commandant. Aboukoua, qui pour la cérémonie théâtrale joue le Juge, demande à des passants (la scène se passe dans un bistrot) de jouer les autres personnages blancs, et transforme le bistrot en bureau du Commandant où trône Aka.
Peu à peu la magie naît et on oublie, du moins à la lecture, en voyant arriver Delphina, la maîtresse du "Commandant" Aka, puis sa femme Zoé dans le même bureau... Peu à peu donc on oublie qu'Aka n'est en réalité qu'un écrivain public au chômage et que c'est le théâtre lui-même qui est en train de s'exhiber comme théâtre, comme vérité du mensonge.
Par le mensonge, l'illusion de l'illusion, Dadié va révéler la vérité sur les manipulations dont sont l'objet les Africains de la part des colons, le caractère superficiel des sentiments et l'étrangeté toute relative de leurs moeurs ; témoin cette épouse (Zoé) qui, surprenant son "Commandant" de mari dans les bras de sa maîtresse (Delphina), au lieu de se laisser aller à une colère hystérique, une crise de jalousie aiguë prétexte à l'une de ces fameuses bagarres de femmes dont aimait à se délecter le théâtre de cette période, se fait l'amie de sa rivale, allant jusqu'à exiger que son mari l'embrasse sous ses yeux.

 
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Pistes de lecture

Plus qu'un simple artifice dramaturgique, il s'agit d'un discours sur le "théâtre dans le théâtre". Dans les périodes où la censure est péremptoirement virulente, le théâtre adopte généralement deux attitudes extrémistes au niveau de la forme ; soit il se réfugie, pour rester lui-même et dire le réel, dans les formes dont la "théâtralité" est intentionnelle comme la farce ou les marionnettes, c'est-à-dire qu'il tente de désamorcer la censure en se "dénonçant" lui-même comme mensonge pur, comme illusion, soit il emprunte les voies tortueuses et opaques d'un certain symbolisme comme le Didiga de Zadi qui, après la censure de L'Oeil, devient une affaire de sémiologues. Papassidi maître-escroc s'inscrit elle dans la première tendance où la théâtralité intentionnelle fonctionne pour le comédien (ici le dramaturge) comme le ring pour le boxeur. Bien que non-espace, le ring permet cependant l'acte humain le plus tragiquement vrai, le meurtre impuni, le meurtre qui n'existe pas puisqu'il a été commis dans un espace de jeu, fictionnel, "mort" ; le meurtre cependant existe dans la mesure où le mort est vraiment mort. La mort d'un boxeur sur le ring est à ce titre une véritable énigme posée à notre conception de la mort, un meurtre sans meurtrier, l'espace de l'impunité absolue, comme un champ de bataille... Ainsi, de même que le ring est une sorte de Méphisto pour le boxeur (en cas de meurtre), de même la théâtralité intentionnelle l'est-elle pour le comédien et le dramaturge. C'est sur la scène, dans l'illusion de l'illusion que Dadié entraîne le colon pour le "tuer".

 
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De plain-pied dans le texte

PAPASSIDI : (…) Marquez ce jour d'une croix blanche, car votre destin va changer du tout au tout. Maintenant asseyez-vous. (Aka et Djoua s'asseyent.) Chassez de votre visage tout sourire déplumé, moribond. Riez, car je vais vous rendre la joie et le bonheur. Je vais vous ouvrir grandes toutes les portes les plus fermées, les plus inaccessibles. Riez (ils rient). Là, le rire est un bouclier. Ne soyez pas désarmés. Un homme qui ne rit pas est un homme mort. Or il vous faut gagner la bataille du rire, le rire pour le triomphe et la survie de l'homme. Riez… Je suis contre ceux qui veulent ou tuer le rire ou le garder pour eux seuls. Ne parlez pas. Je sais ce qui vous amène dans la maison de Papassidi. Votre situation.
DJOUA : Oui, la situation de mon mpari.
PAPASSIDI : Que vous disais-je ? Votre situation. Vous allez être étonnés. Il faut que je vous dise qui je suis… Car je remarque que vous ne me connaissez pas. Je suis Papassidi, Papassidi. Disciple de Josué, je commande au soleil. (Il sort des billets de sa manche.)
AKA : des billets… des billets… Regarde, des billets !
DJOUA : Nous avons bien fait de venir vous voir.
PAPASSIDI : Je possède les secrets du bâton de Moïse, de la lampe et de la bague magiques d'Aladin… Je parle avec les génies des six points cardinaux, le ciel, la terre, l'Est, l'Ouest, le Nord, le Sud. Je comprends le langage des plantes et des animaux, le langage des insectes et des oiseaux, le langage des vents et des eaux, le langage des étoiles et le langage des silences… car, tout dans le monde a un langage. (Il sort encore des billets.) J'ai passé ma jeunesse à étudier auprès des plus illustres cabalistes et occultistes du monde.

 
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  Du texte à la scène…

Création en 1968 par Kourouma Moussa au Centre Culturel de Treichville. *On notera que la date de création (1968) est antérieure à la date d'écriture (1973) ; en fait elle a bien été écrite avant 1969, et la version éditée, est une version revue en Janvier 1973.

 
 
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Fiche réalisée par Koffi Kwahulé

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